Les tiques des ruminants dans les Petites Antilles : biologie, importance économique, principes de lutte
Résumé
Deux espèces de tiques tropicales, Boophilus microplus, d’origine asiatique, et Amblyomma variegatum, d’origine africaine, parasitent les ruminants des Antilles, en particulier des Antilles françaises (Guadeloupe et Martinique). Elles sont vectrices de diverses maladies : babésioses et anaplasmose pour Boophilus, theilérioses bénignes et cowdriose pour Amblyomma. De plus Amblyomma est associé aux formes cliniques sévères, fréquemment mortelles, de la dermatophilose. En Guadeloupe, où la majorité des bovins sont de type créole, hautement résistants à ces maladies, mais où les caprins paient un lourd tribut à la cowdriose, le préjudice annuel généré par les tiques est estimé à 13,8 MF. Alors que Boophilus a couvert dans les Antilles et sur le continent l’ensemble de son aire de distribution potentielle, Amblyomma, l’espèce la plus pathogène, n’est encore présente que dans les Petites Antilles et à Porto Rico. Encore confinée à 4 îles au milieu de ce siècle, elle a infesté 14 îles nouvelles au cours des 25 dernières années. De fortes présomptions permettent de penser que le Héron garde-boeufs, arrivé dans les Petites Antilles à la fin des années 50 depuis l’Afrique, largement répandu dans la Caraïbe, pourrait être à l’origine de l’accélération récente de la propagation de la tique dans la région. Celle-ci menace le continent américain et les Grandes Antilles. Malgré de grandes capacités de diffusion régionale sur ses hôtes, cette tique a une productivité numérique, donc un pouvoir d’installation et de colonisation, bien moindre que Boophilus. Dès l’apparition d’un foyer, la mise en place de mesures adaptées peut donc efficacement entraver son développement. Là où elle est établie, des mesures rigoureuses doivent permettre de rompre son cycle de développement et de détruire définitivement ses populations. De plus, elle ne semble pas manifester actuellement de phénomène de résistance aux acaricides, et elle est, au stade adulte, assez spécifique des animaux domestiques de grande taille. Ceci est en faveur de la mise en oeuvre d’une stratégie de lutte ayant pour objectif un programme d’éradication spécifique basé sur l’application régulière d’acaricides sur ses hôtes domestiques.
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